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Friday, July 8, 2011

Philosophical Passages from Camus

Only the captions are in English.


Des Passages Philosophiques de La Peste

Albert Camus, La Peste. Gallimard, 2007.

la bêtise qui vous tuera [the stupidity that will kill you ... war]

C’est ainsi qu’il faut comprendre aussi qu’il fut partage entre l’inquiétude et la confiance. Quand une guerre éclate, les gens disent : « Ca ne durera pas, c’est trop bete. « Et sans doute une guerre est certainement trop bete, mais cela ne l’empêche pas de durer. La bêtise insiste toujours, on s’en apercevrait si l’on ne pensait pas toujours et, de mauvais rêve en mauvais rêve, ce sont les hommes qui passent, et les humanistes en premier lieu, parce qu’ils n’ont pas plus leurs précautions. Nos concitoyens n’étaient pas plus coupables que d’autres, ils oubliaient d’être modestes, voilà tout, et ils pensaient que tout était encore possible pour eux, ce qui supposait que les fléaux étaient impossibles. Ils continuaient de faire des affaires, ils préparaient des voyages et ils avaient des opinions. Comment auraient-ils pense a la peste qui supprime l’avenir, les déplacements et les discussion ? Ils se croyaient libres et personne ne sera jamais libre tant qu’il y aura des fléaux (41).

l’abstraction qui se met a vous tuer [the abstraction that comes to kill you]

Apres un moment, le docteur secoua la tete. Le journaliste avait raison dans son impatience de bonheur. Mais avait-il raison quand il l’accusait ? « Vous vivez dans l’abstraction. « Etait-ce vraiment l’abstraction que ces journées passées dans son hôpital ou la peste mettait les bouchées doubles, portant a cinq cents le nombre moyen des victimes par semaine ? Oui, il y avait dans le malheur une part d’abstraction et d’irréalité. Mais quand l’abstraction se met à vous tuer, il faut bien s’occuper de l’abstraction. Et Rieux savait seulement que ce n’était pas le plus faciles. (85) … Alors commençaient l’abstraction et la difficulté en effet, car la famille du malade savait qu’elle ne verrait plus ce dernier que guéri ou mort…. Alors commençaient les luttes, les larmes, la persuasion, l’abstraction en somme. (86) Oui, la peste, comme l’abstraction, était monotone. Une seule chose peut-être changeait et c’était Rieux lui-même…. Rieux comprenait qu’il n’avait plus à se défendre contre la pitié. On se fatigue de la pitié quand la pitié est inutile…. Pour lutter contre l’abstraction, il faut un peu lui ressembler. Mais comment cela pouvait-il être sensible à Rambert ? L’abstraction pour Rambert était tout ce qui s’opposait à son bonheur. Et à la vérité, Rieux savait que le journaliste avait raison, dans un certain sens. Mais il savait aussi qu’il arrive que l’abstraction se montre plus forte que le bonheur et qu’il faut alors, et seulement, en tenir compte. (87-88)

il faut mieux qu’on ne croie pas en Dieu, parce qu’on cesserait de guérir les hommes
[it is better that one believe not in God, because one would cease to war with men]

[Tarrou parle à Rieux] Vous pensez pourtant, comme Paneloux, que la peste à sa bienfaisance, qu’elle ouvre les yeux, qu’elle force a penser ! … Croyez-vous en Dieu, docteur ? … Non … N’est-ce pas ce qui vous sépare de Paneloux ? [Rieux] Je ne crois pas. Paneloux est un homme d’études. Il n’a pas vu assez mourir et c’est pourquoi il parle au nom d’une vérité. Mais le moindre prêtre de campagne qui administre ses paroissiens et qui a entendu la respiration d’un mourant pense comme moi. Il soignerait la misère avant de vouloir en démontrer l’excellence. (119) … Sans sortir de l’ombre, le docteur dit qu’il avait déjà répondu, que s’il croyait en un Dieu tout-puissant, il cesserait de guérir les hommes, lui laissant alors ce soin. Mais que personne au monde, non, pas meme Paneloux croyait y croire, ne croyait en un Dieu de cette sorte, puisque personne ne s’abandonnait totalement et qu’en cela du moins, lui, Rieux, croyait être sur le chemin de la vérité, en luttant contre la création telle qu’elle était. (120) … regardant Tarrou avec attention, c’est une chose qu’un homme comme vous peut comprendre, n’est-ce pas, mais puisque l’ordre du monde est règle par la mort, peut-être vaut-il mieux pour Dieu qu’on ne croie pas en lui et qu’on lutte de toutes ses forces contre la mort, sans levé les yeux ver ce ciel ou il se tait. (121)

le mal vient presque toujours de l’ignorance
[evil comes nearly always from ignorance](124)
(see prior Note)

aux hommes, le contrôle était toujours possible
[to men, control was always possible]

Le lendemain, les parents étaient invites a signer sur un registre, ce qui marquait la différence qu’il peut y avoir entres les homes et, par exemple, les chiens : le contrôle était toujours possible. (162-163)

la création ou des enfants sont tortures
[the Creation where children are tortured]

[de la mort du fils de M. Othon] Je comprends, murmura Paneloux. Cela est révoltant parce que cela passe notre mesure. Mais peut-être devons-nous aimer ce que nous ne pouvons pas comprendre. Rieux se redressa d’un seul coup. Il regardait Paneloux, avec toute la force et la passion dont il était capable, et secouait la tete. Non, mon père, dit-il. Je me fais une autre idée de l’amour. Et je refuserai jusqu'à la mort d’aimer cette création ou des enfants sont tortures. (198-199)

est-ce que la souffrance d’un enfant compense en éternité ?
[is it that the suffering of a child is compensated in eternity ?]

[Paneloux] L’épreuve la plus cruelle était encore bénéfice pour le chrétien. Et, justement, ce que le chrétien en l’espèce devait chercher, c’était son bénéfice, et de quoi le bénéfice était fait, et comment on pouvait le trouver. (202-203) … Car s’il est juste que le libertin soit foudroyé, on ne comprend pas la souffrance de l’enfant. Et, en vérité, il n’y avait rien sur la terre de plus important que la souffrance d’un enfant et l’horreur que cette souffrance traine avec elle et les raisons qu’il faut lui trouver. Dans le reste de la vie, Dieu nous facilitait tout et, jusque-la, la religion était sans mérites. Ici, au contraire, il nous mettait au pied du mur. Nous étions ainsi sous les murailles de la peste et c’est à leur ombre mortelle qu’il nous fallait trouver notre bénéfice. Le père Paneloux refusait meme de se donner des avantages faciles qui lui permissent d’escalader le mur. Il lui aurait été aise de dire que l’éternité des délices qui attendaient l’enfant pouvait compenser sa souffrance, mais, en vérité, il n’en savait rien. Qui pouvait affirmer en effet de la douleur humaine ? Ce ne serait pas un chrétien, assurément, dont le Maitre a connu la douleur dans ses membres et dans son ame. Non, le père resterait au pied du mur, fidele a cet écartèlement dont la croix est le symbole, face a face avec la souffrance d’un enfant.

réponse a la souffrance : c’était notre pain amer pour la nourriture spirituelle
[response to suffering : it was our bitter bread for spiritual nourishment]

[Paneloux] Et il dirait sans crainte a ceux qui l’écoutaient ce jour-la : « Mes frères, l’instant est venu. Il faut tout croire ou tout nier. Et qui donc, parmi vous, oserait tout nier ? «
Rieux eut a peine le temps de penser que le père côtoyait l’hérésie que l’autre reprenait déjà, avec force, pour affirmer que cette injonction, cette pure exigence, était le bénéfice du chrétien. C’était aussi sa vertu. Le père savait que ce qu’il y avait d’excessif dans la vertu dont il allait parler choquerait beaucoup d’esprits, habitues à une morale plus indulgente et plus classique. Mais la religion du temps de peste ne pouvait être la religion de tous les jours et si Dieu pouvait admettre, et meme désirer, que l’ame se repose et se réjouisse dans les temps de bonheur, il la voulait excessive dans les excès du malheur. Dieu faisait aujourd’hui à ses créatures la faveur de les mettre dans un malheur tel qu’il leur fallait retrouver et assumer la plus grande vertu qui est celle du Tout ou Rien. (203-204) … Tout pèche était mortel et toute indifférence criminelle. C’était tout ou ce n’était rien. (204) … Il choisirait de tout croire pour ne pas être réduit a tout nier…. le chrétien saurait s’abandonner a la volonté divine, meme incompréhensible…. il fallait sauter au cœur de cet inacceptable qui nous était offert, justement pour que nous fissions notre choix. La souffrance des enfants était notre pain amer, mais sans ce pain, notre ame périrait de sa faim spirituelle. (205)

réponse au prêtre : d’un royaume spirituelle, non pas du corps
[response to the priest : of a spiritual realm, not of the body]
Si un prêtre consulte un médecin, il y a contradiction. (207)

il fallait prendre la sympathie pour arriver à la paix
[one must have sympathy in order to acomplish peace]

[Rieux a Tarrou] Par conséquent, je dis qu’il y a les fléaux et les victimes, et rien de plus. Si, disant cela, je deviens fléau moi-même, du moins, je n’y suis pas consentant. J’essaie d’être un meurtrier innocent. Vous voyez que ce n’est pas une grande ambition.
« Il faudrait, bien sur, qu’il y eut une troisième catégorie, celle des vrais médecines, mais c’est un fait qu’on n’en rencontre pas beaucoup et que ce doit être difficile. C’est pourquoi j’ai décidé de me mettre du cote des victimes, en toute occasion, pour limiter les dégâts. Au milieu d’elles, je peux du moins chercher comment on arrive à la troisième catégorie, c’est-a-dire à la paix.… Apres un silence, le docteur se souleva un peu et demanda si Tarrou avait une idée du chemin qu’il fallait prendre pour arriver a la paix.
Oui, la sympathie. (229)

la sainteté sans Dieu par être un homme
[saintliness without God by being a man]

[Tarrou et Rieux] En somme, dit Tarrou avec simplicité, ce qui m’intéresse, c’est de savoir comment on devient un saint.
Mais vous ne croyez pas en Dieu.
Justement. Peut-on être un saint sans Dieu, c’est le seul problème concret que je connaisse aujourd’hui.… Peut-être, répondît le docteur, mais vous savez, je me sens plus de solidarité avec les vaincus qu’avec les saints. Je n’ai pas de gout, je crois, pour l’héroïsme et la sainteté. Ce qui m’intéresse, c’est d’être un homme.
Oui, nous cherchons la meme chose, mais je suis moins ambitieux. (230)

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